Description
Jules Joseph Bonnot,
le mécano braqueur
Dessin : Ivan Brun
Texte : Marc Jéru
Né en 1876 dans le Doubs, Jules perd sa mère à dix ans, fuit sa famille à dix-huit, rouille un peu à Nancy et fait 3 mois de prison avant de faire son service militaire à Belley, où il devient tireur d’élite. Libéré de ses obligations, il se marie, devient mécanicien et milite dans les réseaux anarchistes. Installé à Genève, il est expulsé de Suisse pour trouble à l’ordre public.
En 1904, il est à Lyon chez Berliet et chez Rocher-Schneider, en 1905 à Saint-Etienne. Sa femme le quitte et fuit avec amant et enfant en Suisse. Jules ne les reverra jamais. Son engagement syndical le conduit au licenciement… En 1906, il se lance dans la carrière du cambriolage. Principal atout technique face à la police à cheval ou à vélo : la voiture. Il ouvre deux ateliers mécaniques à Lyon, où il prépare les véhicules nécessaires aux braquages. Après un séjour à Londres où il aurait été chauffeur d’Arthur Conan Doyle, il revient à Lyon fin 1910 faire quelques coups mais il est repéré. Dans sa fuite vers Paris, il tue son complice (Platano) dans des circonstances obscures.
En 1911, au journal L’Anarchie dirigé par Victor Serge, il rencontre la demi-douzaine d’apôtres de la reprise individuelle qui deviendront ses équipiers. La bande à Bonnot est née. Le 21 décembre 1911, Bonnot, Garnier et Callemin attaquent la Société Générale rue Ordener et s’enfuient en voiture. L’encaisseur est grièvement blessé, la police enquête et remonte jusqu’aux anarchistes. Victor Serge et sa maîtresse sont arrêtés à tort comme les cerveaux de la bande. Mais cette dernière enchaîne : le 31 décembre, un veilleur de nuit est tué à Gand ; le 3 janvier, un rentier assassiné dans la banlieue parisienne ; le 3 février, un agent de police descendu dans Paris… Le 25 mars, la bande vole une voiture et attaque la Société Générale de Chantilly. Quatre morts encore… Vol rime dès lors avec meurtre et terrorisme ; la police est à cran. Dans les deux mois suivants, cette dernière fait tomber quasiment toute la bande. Embusqué dans son nid rouge de Choisy-le-Roi, Bonnot connaîtra la fin des forcenés à l’issue d’un assaut disproportionné. Le reste de la bande finira de la même façon deux semaines plus tard, en mai 1912 tandis que les rares survivants seront guillotinés en 1913. Fin du bal pour ces aïeux d’Action Directe qui inventèrent la version moderne du braquage à main armée…
Ivan Brun, après des études à l’école nationale des Beaux-Arts de Lyon entre 1989 et 1994, il intègre le collectif Organic Comix, groupe dont l’activité principale est la réalisation de comic-strips géants au cours de diverses manifestations culturelles. Cette pratique amène Brun à développer entre 1993 et 2000 un travail de peinture. Pour ses expositions, il réalise les peintures en un temps limité sur des matériaux de récupération. Entre 1994 et 2000, Brun joue et chante au sein du groupe punk hardcore Coche Bomba. Parallèlement, il publie dans divers fanzines des planches de bandes dessinées.
– Lieux communs (Auto-édition, 1996, réédition par Terre Noire en 2005)
– Otaku, scénario de Lionel Tran (Les Requins Marteaux, 2004)
– Lowlife (Tanibis, 2005)
– No Comment (Drugstore, 2008)
– War Songs (Drugstore, 2010)
– Prof. Fall, scénario de Tristan Perreton (Tanibis, 2016)
Libraire depuis quinze ans à Lyon (Grand-Guignol, Le Livre en Pente), Marco Jéru a travaillé auparavant comme journaliste interne aux éditions du Seuil et comme pigiste pour Libé-Lyon et Le Progrès. Il collabore actuellement au webzine Le Zèbre et au mensuel Arkuchi. L’histoire de l’anarchisme et du banditisme constitue un de ses champs de lecture de prédilection. Badass stories forever…
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