Description
L’Avatar de Dourgâ, Phoolan Devi
Dessin : Jérémie Guneau
Texte : Marc Uhry
Au pied des plus hautes montagnes du monde, le long de la frontière népalaise, naissent les fleuves sacrés qui iront laver un milliard d’âmes fidèles à l’hindouisme. C’est là, dans l’Uttar Pradesh, où ont régné les rois Rama et Krishna, que la caste modeste des Mallah accueille l’arrivée de ce bébé, une fille. Une charge qu’il faudra doter le plus tôt possible. Ce sera chose faite en 1974. Phoolan, 11 ans, est mariée à un homme de 33 ans, immédiatement réduite en esclavage, battue et violée, éreintée de travail, dormant à l’étable. Elle fuit et retourne dans son village natal, qui lui conseille de toiletter son honneur en se jetant dans le puits municipal.
Phoolan refuse et revendique le terrain sur lequel son cousin Mayaddin a construit sans autorisation une bicoque. Il la fait arrêter et elle retrouve en prison un régime à base de sévices et de viols. Sortie, elle s’obstine. Le cousin engage alors une bande de dacoïts, des brigands, pour l’enlever et la tuer. Mais le chef des dacoïts la viole et choisit d’en faire son esclave. Un lieutenant amoureux, Vikram, tue le chef pour prendre sa place à la tête de la bande et dans les draps de Phoolan. De fait, la charismatique jeune femme devient la patronne de sa petite bande, qui se fait connaître en attaquant prioritairement les propriétaires terriens, réputés pour leurs abus de pouvoir. Ce banditisme choisi confère à Phoolan la réputation d’être un avatar de Dourgâ, la divinité de l’énergie absolue. Une bande rivale dacoït tue Vikram et enlève Phoolan, elle est violée collectivement, mais parvient à s’enfuir et à reprendre le banditisme. Elle est déclarée ennemie publique n°1, mais demeure introuvable. Après deux ans de cavale, elle négocie sa reddition avec le gouvernement et dépose son Mauser devant 10 000 personnes, au pied d’une photo du Mahatma Gandhi et d’une représentation de Durgâ. La « reine des bandits » n’a que 20 ans et des poupées à son effigie sont vendues sur les marchés.
Elle passe 11 ans en prison et en sort pour s’engager dans la vie politique et elle devient députée, pour lutter contre le système de castes et défendre les droits des femmes. Malgré les 48 crimes qui lui sont imputés, elle est proposée comme prix Nobel de la paix en 1997, à 34 ans.
Trois ans plus tard, elle rentre du parlement, il est 13h30, trois hommes s’approchent à pied et font feu sur elle, en réparation de ses crimes passés. La reine des bandits est morte.
Jérémie Guneau est un artiste français, travaillant dans plusieurs disciplines des Arts Graphiques.
Ses activités concernent essentiellement l’illustration, le cinéma d’animation, et le dessin de presse.
Site internet : https://jeremieguneau.wixsite.com/site
Marc Uhry écrit vraiment bien mais n’a pas voulu que nous parlions plus de lui…
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